Depuis quelques décennies, les médias communiquent régulièrement sur les réorientations professionnelles. Ceux qui « osent » changer de carrière sont salués pour leur courage, comme s’il était simplement question de qualités individuelles. Contre cette vision réductrice et d’emblée démentie par les statistiques, qui soulignent le rôle de l’âge, du sexe, du niveau d’études et du statut socioprofessionnel, l’auteur révèle ici les conditions sociales de possibilité de tels parcours.
Fondée sur des entretiens approfondis menés auprès d’hommes et de femmes ayant changé de métier et de domaine professionnel, l’enquête permet de reconstruire les étapes du processus, de la naissance des premières insatisfactions au « choix » du nouveau métier. Elle montre également d’importantes disparités sociales et sexuées à l’œuvre, notamment lorsqu’il s’agit de faire face aux incertitudes inhérentes à toute bifurcation. Entremêlant les histoires professionnelles, familiales et amicales, l’auteur montre enfin que les bifurcations professionnelles ne riment pas toujours avec changement de vie, mais permettent parfois d’assurer une continuité individuelle. Autrement dit, certaines personnes changent de métier pour ne pas changer.