La solidarité constitue le socle de ce que l’on pourrait appeler l’homo sociologicus : l’homme lié aux autres et à la société non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son humanité. Mais, comme Durkheim le soulignait déjà à la fin du XIXe siècle, le risque n’existe-t-il pas que cette interdépendance fonctionnelle soit sans cesse un peu plus méconnue et que les individus, à mesure que croissent leur autonomie et leur liberté, se sentent libérés de toute dette à l’égard des générations antérieures, peu sensibles au destin des générations futures, et finalement hostiles à l’idée d’une redistribution à l’égard des plus défavorisés ?
En tant que contrat social, la solidarité doit être réévaluée à l’aune des défis auxquels les sociétés modernes sont confrontées en ce début de XXIe siècle : crise de la société salariale, inégalités entre les générations, inégalités de genre, discriminations multiples, ségrégations urbaines et scolaires intenses, dont les effets suscitent un doute sur nos modèles d’intégration…
Les cinquante contributeurs de ce volume ont recherché les moyens d’aborder ces questions en refusant les solutions simplistes. C’est dans le dessein de clarifier le débat et de dissiper les fréquentes confusions entourant les questions de solidarité, qu’ils s’adressent ici aux universitaires, aux responsables politiques, au patronat, aux associations : en bref, à tous les citoyens attentifs aux enjeux des réformes à venir.