Depuis la Révolution, l'assistance aux pauvres figure parmi les devoirs de la nation. En instaurant le revenu minimum d'insertion en décembre 1988, la France a souhaité compléter son système de protection sociale par une aide dont le double objectif est de procurer des moyens convenables d'existence aux plus démunis et de les encourager à entreprendre eux-mêmes les actions nécessaires pour cesser d'être assistés.
Comment peut-on expliquer qu'il a fallu attendre la fin des années 1980 pour que cette loi soit votée en France, alors que d'autres pays en Europe avaient mis en place un revenu minimum garanti il y a déjà plusieurs années ? Comment les actions dites d'insertion ont-elles été mises en œuvre à l'échelon local ? Quels en ont été les effets ?
Pour répondre à ces questions, l'auteur analyse les attitudes de la société française envers ses pauvres au cours de deux périodes - les « Trente Glorieuses », les années 1980 - et se fonde sur les débats parlementaires et de nombreux résultats d'enquêtes pour interpréter l'expérience du RMI. Il y voit une réponse collective à ce qui a été perçu comme une dégradation de la cohésion sociale.