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L’attachement social. Principes de la solidarité humaine (compte-rendu 2021-2022) > Séminaires EHESS > Pages personelles de Serge Paugam
 
Serge Paugam
 

Séminaires de direction d'études (EHESS)


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Sociologie des inégalités et des ruptures sociales

Serge Paugam, directeur d'études

Compte-rendu 2021-2022 :

L’attachement social. Principes de la solidarité humaine


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Après plusieurs années d’élaboration de la théorie de l’attachement social, le séminaire 2021-2022 avait pour objectif de revenir sur certains points encore assez peu étudiés. Nous avons insisté tout d’abord sur trois dimensions qui pourraient être pensées comme le triptyque de l’attachement social : le contrôle social, l’habitus et la mémoire collective. Ces trois dimensions ont souvent été examinées de façon distincte, chacune constituant pour ainsi dire une problématique à part entière. Elles méritent un traitement différent tant elles se complètent et s’enrichissent mutuellement quand il s’agit d’expliquer sociologiquement l’origine et la pérennité des liens qui attachent les individus les uns aux autres et à la société. En résumant, on pourrait dire que 1)  l’incorporation de dispositions à être solidaire d’autrui et attaché à plusieurs groupes résulte d’un apprentissage des règles et des normes qui caractérisent les différentes sphères de la morale collective, 2) cette incorporation est d’autant plus profonde que l’apprentissage s’est déroulé de façon pédagogique et éducative et en laissant une place importante aux valences émotives, 3) les contraintes de l’attachement et les formes du contrôle social sont progressivement intériorisées et elles finissent, sous l’effet de l’habitus, par s’imposer d’elles-mêmes sans que, dans de nombreuses situations de la vie quotidienne, les individus aient à y réfléchir formellement avant d’agir, 4) cela n’empêche pas pour autant une part de réflexivité, en particulier lorsque les formes de l’attachement deviennent oppressantes, 5) l’attachement aux groupes et à la société tout entière repose sur des souvenirs individuels ancrés dans la mémoire collective, elle-même dépendante des cadres de la socialisation. Autrement dit, les trois dimensions s’entremêlent et se soutiennent réciproquement.

 

Nous avons pu également vérifier empiriquement la pertinence de la typologie des régimes d’attachement social que nous avions élaborée de façon idéal-typique antérieurement. Nous avons pour cela mis à profit une base de données comprenant 34 pays que nous avons construite. Afin de nous affranchir d’une approche normative, nous n’avons pas essayé de hiérarchiser ces liens sociaux, mais, au contraire, d’analyser les facteurs qui conduisent les pays à les hiérarchiser eux-mêmes à partir des normes qui les gouvernent. Le premier constat a été de vérifier que les pays se distinguent bien les uns des autres par le type de lien social dominant et, par conséquent, le type de morale qui contribue à organiser de façon spécifique le principe de solidarité entre les individus et les groupes sociaux. Une classification ascendante hiérarchique a permis fait ressortir cinq groupes de pays. Les deux premiers groupes relèvent bien du même régime familialiste puisque le lien de filiation y est prééminent dans chacun d’entre eux. Mais cette prééminence est plus marquée dans le premier. Les autres groupes sont en revanche très différents et, chacun d’entre eux est proche de la définition d’un des trois autres régimes d’attachement : « organiciste », « volontariste » et « universaliste ». Plusieurs séances du séminaire ont été consacrées par la suite à approfondir ces différents régimes d’attachement social à partir de la confrontation de plusieurs enquêtes de sciences sociales réalisées dans différentes aires culturelles. On serait tenté de voir dans les différents régimes d’attachement social la traduction d’un processus général de transformation à long terme des formes et des fondements de la solidarité, le régime d’attachement familialiste en étant sa forme la plus étroite et le régime d’attachement universaliste sa forme la plus large. Il faut toutefois se garder de voir dans ces régimes une succession d’étapes de la solidarité, un peu comme on a pu parler d’étapes de la croissance économique. Il ne s’agit en aucun cas d’étapes, mais d’évolutions contrastées, sous l’influence d’une pluralité de facteurs historiques, et en cela nullement intégrables dans un schéma déterministe.

 

Le séminaire a été l’occasion d’accueillir plusieurs invités : Lauriane Dos Santos  sur les liens familiaux et la régulation des solidarités familiales au Brésil et en Polynésie française ; Tugce Beycan sur la relation entre les liens Sociaux et les capabilités dans l’analyse de pauvreté multidimensionnelle ; Christian Suter, Enrico di Bella, Sandra Fachelli, Fabrizio Culotta sur la mesure de l’égalité de genre en Europe ; Marie Loison-Leruste, sur l’invisibilité des femmes sans domicile ; Christian Suter sur l’intégration et les conditions de vie des personnes issues de la migration à partir de l’exemple de la Suisse. Trois doctorants ont également présenté l’avancement de leurs travaux respectifs : Valeria Ayola Betancourt sur le familialisme et la perception de la pauvreté en Colombie ; Marcelo Miño sur le bien-être et les perspectives d’avenir dans le Chili contemporain et Marton Angyan sur la marchandisation et l’internationalisation des soins dentaires.

 

Ce séminaire a nourri tout au long de l’année l’écriture d’un ouvrage sur l’attachement social dont le manuscrit a été remis à l’éditeur.

 




Publications :


Autres

Serge Paugam, L’attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine, Paris, Seuil, à paraître.

 

Serge Paugam, « Perception des inégalités et de la pauvreté dans les quartiers riches les plus ségrégués, in Clémentine Cottineau et Julie Vallée (dir.), Les inégalités dans l’espace géographique, Londres, ISTE Editions, 2022, p. 155-186.

 

Serge Paugam, « The Perception of Inequality and Poverty in the Most Segregated, Affluent Neighborhoods », in Clémentine Cottineau et Julie Vallée (eds.), Inequalities in the Geographical Area, London, ISTE Editions, 2022.

 

Serge Paugam, « L’attachement social. Ce lien qui libère », Revue Projet, n° 388, juin-juillet 2022, p. 8-13.




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