Thèses dirigées par Serge Paugam

La construction européenne est un phénomène au cœur duquel se trouve la souveraineté : son origine s’explique par le déchaînement de cette « puissance suprême » au cours de la seconde guerre mondiale, ses critiques actuelles sont liées à la confiscation de souveraineté qu’elle opérerait. S’attacher à l’étude de la construction européenne et à la place de l’État dans ce processus inédit, c’est avant tout poser la question de la souveraineté. La définition « classique » de ce pouvoir de l’État comme un pouvoir suprême, inaliénable, indivisible et imprescriptible pose aujourd’hui problème. Il importe donc de ne pas rester prisonnier des définitions théoriques « classiques » de la souveraineté et d’accepter l’idée que le pouvoir de l’État a évolué et qu’il faut élaborer un cadre conceptuel capable d’intégrer ces changements. C’est à cette condition qu’il est possible de rendre compte de l’évolution de la souveraineté et d’identifier quelles sont les dimensions qui ont été affectées par la construction européenne. Dans ce but on confrontera la conception théorique avec celle qui se dégage de la législation actuelle, puis avec celle qui ressort de la pratique des acteurs. Les politiques d’immigration et de contrôle aux frontières constituent un domaine où ces évolutions et les résistances posées se cristallisent dans la mesure où elles représentent symboliquement la « toute-puissance » de l’État souverain qui seul garantit l’intégrité du territoire national et la sécurité des citoyens. L’analyse de cette législation et la mise en place d’une enquête de terrain dans la région calaisienne, zone frontalière où se côtoient deux pays européens appliquant différemment l’acquis de Schengen, est une étape nécessaire si nous voulons comprendre la nature du rapport entre l’État et l’Europe à partir du type de souveraineté qui est reconnu à l’État.