A partir d'une enquête qualitative par entretiens et observations et d'exploitations statistiques d'enquêtes sur la santé en France, la thèse étudie les conditions de possibilité sociales, économiques, historiques, culturelles, corporelles et morales d'une forme particulière de mobilité médicale : le "tourisme dentaire" en Hongrie. Chaque année, entre 50 000 et 60 000 usagers issus des pays d’Europe de l’Ouest et du Nord se rendent en Hongrie afin d’y bénéficier de soins dentaires lourds près de deux fois moins chers que dans leur pays d’origine. En prenant acte d'un contexte de marchandisation et d'internationalisation du soin, ce travail analyse les déterminants et ressorts du contournement de l’ordre dentaire français par la voie internationale. Par une double approche qui se centre tant sur les usagers français du "tourisme dentaire" que sur la structuration et le fonctionnement de ce marché international du soin dentaire, la thèse articule des questionnements à l’intersection de la sociologie de la santé, du travail, des migrations, des styles de vie, des classes sociales et plus largement des rapports entre corps et société.