M. Stéphane Beaud, Professeur des universités à l’Université Paris X Nanterre La Défense
Mme Nancy L. Green, Directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales
M. Serge Paugam, Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales
Mme Mirna Safi, Chargée de recherche à Sciences Po
Mme Emmanuelle Santelli, Chargée de recherche au CNRS, HDR, Centre Max Weber, Université de Lyon 2 (rapporteure)
M. Patrick Simon, Directeur de recherche à l’Institut National d’Études Démographiques (rapporteur)
Cette thèse porte sur la construction sociale de la citoyenneté et ses effets sur les parcours professionnels d’une population migrante. Elle s’intéresse aux trajectoires d’une population spécifique, les Français nés et installés en Algérie jusqu’à l’indépendance du pays (1962), autrement nommés les « pieds-noirs ». À l’instar des recherches sur l’identification des nationaux, le parcours de cette population est mobilisé comme un moyen de saisir la manière selon laquelle l’État attribue la citoyenneté française, les modes d’appropriation de cette citoyenneté et ses conséquences sur le cours des trajectoires socioprofessionnelles. Les pieds-noirs éclairent de façon privilégiée ces processus dans la mesure où, sur un temps relativement cours, l’État a souvent attribué la citoyenneté française à l’un ou plusieurs de leurs ascendants, Européens en Algérie (Espagnols, Italiens, Maltais, etc.). Et cette identification nationale a ensuite été mise à l’épreuve de la décolonisation et de la migration vers la France métropolitaine.
Bien que leur arrivée en France remonte désormais à plus de cinquante ans, les études approfondies sur le parcours de ces migrants sont rares. La thèse se livre donc à une analyse croisée de textes législatifs, de récits de vie et de données de la statistique publique (l’Echantillon Démographique Permanent de l’Insee) afin de proposer des résultats inédits sur les trajectoires des pieds-noirs au regard de celles des immigrés et des métropolitains de 1968 à 1999. Cette recherche revient enfin sur les conditions de production des données de l’Insee en mobilisant les archives de l’institution. Elle procède ainsi à une analyse socio-historique des processus sociaux de quantification.