Serge PAUGAM (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Paris, directeur de thèse)
Klaus EDER (Humboldt Universität Berlin, co-directeur de thèse)
Ruud KOOPMANS (Wissenschaftszentrum Berlin)
Hans-Peter MÜLLER (Humboldt Universität Berlin)
Louis-André VALLET (Directeur de recherche CNRS)
Carsten KELLER (Chercheur au Centre Marc Bloch Berlin)
Thèse en co-tutelle soutenue à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
Cette thèse analyse les modes de participation des descendants de migrants maghrébins en France et turcs en Allemagne. Une raison qui fait des descendants d’immigrés un objet d’étude particulièrement intéressant réside dans le fait qu’il amène le chercheur à s’interroger d’une part sur le poids de la dimension ethnoculturelle dans la production des inégalités et, d’autre part, sur les modes de production de l’altérité et de la distance sociale entre les groupes qui forment ces deux grandes sociétés d’immigration. Cette thèse s’inscrit dans les approches qui considèrent la dimension structurelle de l’intégration comme décisive pour la construction et le maintien du lien social. Elle s’intéresse aux segments de la structure sociale dans lesquels les descendants de migrants se positionnent, par l’acquisition de diplômes et par leurs modes de participation au marché du travail. Le concept de « modes de participation » a été choisi pour trois raisons. Premièrement, tout comme la notion d’intégration, le concept de participation est multi-dimensionel. Deuxièmement, ce concept renvoie à la diversité des marges de manœuvre dont disposent les individus et à la diversité des barrières qu’ils doivent lever pour prendre part entièrement à la société. Troisièmement, il contient une idée d’action de l’individu : il sous-entend que ce dernier non seulement connaît les règles du jeu mais aussi qu’il est autorisé à y prendre part. Les variations franco-allemandes des modes de participation des descendants de migrants découlent de situations nationales spécifiques qui s’inscrivent dans un contexte similaire de mutations économiques et sociales. Cette thèse montre, en s’appuyant sur des résultats issus de l’exploitation d’enquêtes (Panel socio-économique Allemand SOEP, enquête « Histoire Familiale », enquête Effnatis et enquête SIRS) que le désavantage que connaissent les descendants de migrants turcs en Allemagne et maghrébins en France n’intervient pas au même moment dans leurs parcours. Les descendants de migrants turcs, malgré leur situation d’échec scolaire, ont une vie professionnelle plus favorable que les descendants de migrants maghrébins qui sont en moyenne mieux qualifiés. Ces derniers connaissent plus souvent le chômage, le déclassement et l’instabilité professionnels. Les résultats obtenus laissent apparaître deux types de mise à distance sociale : par la relégation en Allemagne et par la discrimination en France. Ces deux processus ne sont pas exclusifs et sont fondés sur des mécanismes qui opèrent aux niveaux structurel, institutionnel et symbolique. Par ailleurs, le cadre national et le type de mise à distance sociale influent sur les formes d’appartenance de ces populations.