Comment faire société à partir d’individus liés entre eux et aux institutions de façon inégale ? Pour répondre à cette question, nous partirons des différents types de liens qui attachent les individus entre eux et à la société dans son ensemble et nous analyserons comment ces liens sociaux sont entrecroisés de façon normative dans chaque société et comment à partir de cet entrecroisement spécifique se produit la régulation de la vie sociale. Cette approche rejoint la distinction qu’opérait Durkheim entre les deux concepts d’intégration et de régulation. L’intégration à la société est assurée par les liens sociaux que les individus s’efforcent de construire au cours de leur socialisation en se conformant aux normes sociales en vigueur tandis que la régulation procède de l’entrecroisement normatif de ces liens sociaux qui permet l’intégration de la société dans son ensemble. C’est dans le sens de cette régulation sociale globale que nous pouvons parler de régime d’attachement. Dans le prolongement du séminaire de l’année dernière sur la typologie et la comparaison de ces régimes (familialiste, volontariste, organiciste et universaliste), il s’agira cette année de mettre à l’épreuve ce cadre analytique en le soumettant à des données empiriques issues d’enquêtes réalisées aussi bien à l’échelle locale (dans les espaces urbains notamment) qu’à l’échelle nationale (comparaison de grandes enquêtes sur les conditions de vie et les valeurs) et en croisant les méthodes quantitatives et qualitatives.